Qu’est-ce qu’un pantoun ?
C’est un quatrain – rien d’autre qu’un quatrain, mais obéissant à deux règles fondamentales, deux « divisions ». La première concerne le contenu : les deux premiers vers expriment une « description », une notation, tandis que les deux suivants expriment le sens de l’ensemble, la « morale », le « message ».
L’idéal poétique visé consiste en une « correspondance » aussi étroite que possible entre les sonorités, les mots des deux moitiés. La seconde règle concerne les rimes, qui sont croisées (ABAB). Voici un exemple, où les correspondances sont soulignées dans le texte original :
Kalau tidak kerana bintang Si ce n’était pour les étoiles
Masakan bulan naik se tinggi ? La lune monterait-elle ainsi ?
Kalau tidak kerana abang Si ce n’était pour toi
Masakan sahaya datang ke mari ? Serais-je venue jusqu’ici ?
Traduire un pantoun en respectant ces règles sonores est donc, évidemment, impossible : il ne reste qu’à… en écrire. Quant à savoir si le premier distique, à lui tout seul, doit avoir son propre sens, ou bien s’il doit évoquer le sens du suivant… pantounez d’abord : il sera bien temps plus tard de constater que c’est bien là le point mystérieux où les ruses poétiques de notre petit genre se dissimulent le mieux !