Nous apprenons par un courriel familial la disparition de Roland Fauconnier le jeudi 15 octobre 2020. Les Amis Francophones du Pantoun – Pantun Sayang et Lettres de Malaisie tiennent à exprimer à toute sa famille leur profonde reconnaissance et leur inaltérable estime envers monsieur Fauconnier : ceux qui ont pu rencontrer personnellement cet « homme bien » (comme l’écrit l’un de nous), lors des inoubliables Rencontres de Barbezieux de l’été 2015, dont il a été l’initiateur et le soutien ; ceux qui ont pu découvrir, grâce à l’ampleur que cette initiative a donnée à notre entreprise poétique, tout ce que monsieur Fauconnier nous a permis de révéler de ses archives personnelles – et notamment la publication d’inédits, pantouns, récits ; ceux qui enfin, à ces occasions, ont tout simplement découvert dans les retombées de ces rencontres et de leurs Actes1 le nom et l’œuvre de l’auteur de Malaisie, Prix Goncourt 1930 : Henri Fauconnier.
Ce qui était le but remarquablement atteint par son second fils et biographe, Roland Fauconnier, né en Tunisie en 1924. Après avoir lui-même embrassé une carrière de planteur (au Brésil), celui-ci s’est en effet consacré à entretenir la mémoire de son père, collationnant pendant des années une correspondance familiale d’une exceptionnelle richesse, puis en éditant d’abord les lettres de guerre adressées par Henri Fauconnier à sa future épouse Madeleine (Lettres à Madeleine – 1914-1919, Éditions Stock, 1998), enfin en publiant aux Éditions du Pacifique, en 2014, un ouvrage qui fait autorité et qui fera date, Henri Fauconnier. Conquêtes et renoncements2.
Roland Fauconnier, pour nous tous simples poètes et amis d’une forme que son père avait aimée et promue, s’est fait l’un de ces grands passeurs chez qui les littératures comparées puisent inépuisablement. Nous ne pouvons mieux terminer qu’en citant une seconde fois un petit pantoun malais que le poète Muhammad Haji Salleh avait déjà cité en hommage à monsieur Roland Fauconnier, en ouverture des Rencontres de Barbezieux :
Naik perahu pergi ke Daik,
nak mengail ikan gelama ;
Budi tuan sangatlah baik
kami simpan lama-lama.
Partons en bateau pour Daik
pour aller pêcher les carangues.
Votre bienveillance est sans prix
nous nous en souviendrons très longtemps.